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L’approche comportementale de la transition écologique : les 6 dimensions cognitives qui freinent le passage à l’action

Pourquoi si nous sommes convaincus de l’existence d’un problème majeur (comme par exemple le changement climatique et ses conséquences sur l’humanité), n’agissons-nous pas ? Cette question me taraude depuis quelques années et j’ai enfin réussi à trouver des clés de compréhension (et des solutions !), grâce aux sciences cognitives, qui méritent d’être partagées.

Un manque de sensibilisation ?

Globalement, les français savent et reconnaissent qu’il faut changer nos modes de vie. Selon une étude de l’ADEME, publiée en 2016, 2/3 des Français se déclarent soucieux de la protection de l’environnement et 85% d’entre eux que c’est en modifiant de façon importantes nos modes de vie que l’on empêchera la dégradation de l’environnement. Alors pourquoi le changement est si lent ?

En réalité, il y a un blocage dans le passage de l’intention à l’action. Autrement dit, ce n’est pas parce qu’on sait et qu’on a envie de changer qu’on change. « Sur 94% français qui déclarent souhaiter agir pour lutter contre un phénomène de société́, seuls 20% passent à l’acte » (Ticket for Change, Occurrence – 2016). Mais qu’est-ce qui bloque ce passage à l’action ?

Qu’est-ce qui conditionne nos prises de décisions ?

Pour comprendre ce blocage, je me suis formée à l’Approche Neurocognitive et Comportementale (ANC) qui permet de comprendre l’humain et ses modes de décision. La spécificité de l’ANC consiste à mieux comprendre les mécanismes cérébraux qui nous gouvernent, de mesurer l’impact de ces mécanismes sur nos prises de décision et nos comportements, et comprendre ce sur quoi il est possible d’agir.

L’ANC explique que nos comportements sont conditionnés par deux modes mentaux en fonction de la situation : le mode mental automatique et le mode mental adaptatif.

Le mode mental automatique, recruté pour gérer les situation simple, connue et maîtrisée, a l’avantage d’être rapide, économe en énergie (car oui notre cerveau est paresseux et cherche toujours à économiser au plus son énergie) et généralement fiable. Il base 95% des prises de décisions sur un catalogue d’expériences vécues et réagis rapidement grâce à des raccourcis cérébraux, appelés heuristiques ou encore biais cognitifs.

Le mode adaptatif nous permet lui de géré la complexité, l’inconnu et les situations non maîtrisées. C’est la partie rationnelle de notre cerveau, gourmande en énergie donc plus lente. C’est pour cela qu’elle ne traite que 5% de nos prises de décision (homo economicus, c’est dire!).

Les mécanismes cognitifs qui freinent le passage à l’action

Généralement, le changement du mode mental se fait de manière naturelle en fonction de la perception de l’événement. Cependant, il arrive parfois que notre perception (par exemple celle du changement climatique) soit influencée par des conditionnement culturels ou des croyances personnelles ce qui peuvent freiner le processus de changement de mode et nous bloquer dans le monde automatique, non adapté à la situation. En l’occurence, pour la question du changement climatique, encore beaucoup de nos comportements sont conditionnés par les 6 dimensions du mode automatique :

La dimension de la routine (habitudes) : « J’ai toujours pris l’avion pour aller en vacances, je vois pas pourquoi je changerai. »
La dimension de persévérance (obstination) : « Pourquoi moi ? Ce sont les grandes entreprises qui polluent le plus, pas moi.»
La dimension de simplification (vision manichéenne) : « A quoi bon. Il est trop tard, nous sommes tous condamnés à mourir… »
La dimension de certitude (opinions enracinées) : « C’est sûr, la planète elle a connu pire avec la fin des dinosaures »
La dimension d’empirisme (appliquer des recettes qui ont déjà fait leurs preuves): « T’inquiète pas, la technologie nous sauvera ! Regarde avec la voiture électrique »
La dimension d’image sociale (préoccupation du regard des autres) : « Des couches lavables ?! Hors de question d’être un écolo-bobo ! »

Basculer en mode adaptatif pour adopter des comportements plus vertueux ?

La question reste alors : comment faire pour sortir du mode automatique qui nous maintient dans des comportements qui ne sont pas constructifs au regard des enjeux qui sont les nôtres ?

L’ANC propose différents outils, mais le plus puissant reste de mobiliser davantage notre cortex préfrontal (à l’avant du cerveau), là où se situe le mode mental adaptatif en cultivant les 6 dimensions adaptative :
Être curieux (par opposition à la routine)
Être souple (par opposition à la persévérance)
Cultiver une vision nuancée (par opposition à la certitude)
Savoir être relatif (par opposition à la simplification)
Être dans la réflexion (par opposition à l’empirisme)
Développer son opinion personnel (par opposition à l’image sociale).

Et pour cela, l’atelier La Bascule est une super opportunité pour s’entrainer 😉