Une large partie de nos comportements sont conditionnés par le notre gouvernance grégaire

L’ANC part du postulat que l’action d’une personne (son comportement) est conditionné par deux modes mentaux : le mode mental automatique et le mode mental adaptatif.

Pour rappel, le mode mental automatique est la partie du cerveau qui gère rapidement (et principalement inconsciemment) les situations simples, connues et maîtrisées en se basant sur des raccourcis cognitifs (heuristiques) et sa bibliothèque d’expériences. C’est en partie à ce mode que nous devons notre survie car c’est celui qui nous permet de gérer nos activités quotidiennes par automatismes tout en préservant notre énergie pour la gestion des imprévus. (cf. l’article https://www.act-transition.com/post/les-6-dimensions-cognitives-qui-freinent-la-transition)

Selon l’ANC, le mode automatique se composerait de trois gouvernances : la gouvernance grégaire, instinctive et émotionnelle.

Ces gouvernances ne doivent rien au hasard. Elles ont été retenues, au fil de l’évolution, pour survivre et pérenniser notre espèce. 

La gouvernance grégaire est la partie du cerveau qui permet d’assurer, depuis des années, la survie collective de notre espèce en nous permettant de trouver notre place « instinctivement » au sein d’un groupe tout en minimisant les rapports de force et en maximisant la coopération. Elle assure donc la régulation spontanées des rapports sociaux entre individus et permets donc la survie collective (si on passait notre temps à être en conflit, cela ferait belle lurette que nous aurions disparu de la surface de la terre !) . Cette gouvernance se manifeste principalement dans nos interactions avec les autres et permet d’assurer la cohésion et l’appartenance au groupe. Car oui, l’être humain est un être social qui à besoin du groupe pour survivre. Et il sera prêt à faire beaucoup de chose, souvent instinctivement et inconsciemment pour faire partie de ce groupe ou plutôt, pour éviter l’exclusion.

Nos comportements grégaires sont largement influencés par la peur d’être exclus

En 2011, les docteurs Angela Sirigu, directeur de recherches au CNRS, et Luccia Carriero, chercheur, avec le professeur François Mauguière, directeur de Neurodys, ont réalisé une étude portant sur la douleur engendrée par l’exclusion sociale. il en ressort qu’elle serait localisée au même endroit que la douleur physique. Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs lyonnais ont examiné à tour de rôle l’activité cérébrale de patients à qui des électrodes avaient été implantés dans le cerveau, pendant qu’ils jouaient avec une balle avec deux autres personnes. Au début du jeu, les joueurs renvoient la balle au patient de façon équitable, puis, au bout d’un certain nombre de tirs, un joueur exclut le patient du jeu (il ne lui renvoie plus la balle) de manière intentionnelle.
L’exclusion alors ressentie activa alors très fortement des régions du cerveau impliquées dans la régulation de la douleur physique et des émotions.

L’être humain fera tous (inconsciemment) pour ne pas se sentir exclu, quitte à suivre les influences sociales du groupe pour s’intégrer. C’est ainsi que sont conditionner de nombreux comportements grégaires qui ne vont pas toujours dans le bon sens et ce, par conformisme

Le conformisme

Le conformisme désigne le processus d’influence sociale par lequel une personne est amenée à aligner ses propres perceptions, croyances ou conduites et donc comportements sur celles d’un groupe. C’est un puissant facteur de cohésion sociale mais qui peut nous porter préjudice, surtout quand il est question de transition écologique.

Deux influences sociales expliquent le conformisme :
l’influence sociale informationnelle : dans l’incertitude, on essaye de se rassurer en adoptant plus souvent l’avis des autres car l’unanimité est synonyme de véracité (biais de la pensée de groupe —> cf article sur les bais cognitifs et les nudges)
L’influence sociale normative : pour éviter la désaprobation, et donc l’exclusion, on tend à se soumettre à la pression du groupe

La première étude se le conformisme a été réalisé en 1952 par Salomon Acsh.

Un patient (sujet « naïf ») est invité à participer à une étude sur la vision et se retrouve autour d’une table avec d’autres participants (complices).
L’exercice est le suivant : juger la longueur de plusieurs lignes tracées sur une série d’affiches. À gauche, une ligne modèle, et à droite, 3 autres lignes. Chacun devait dire laquelle de ces 3 lignes sur la droite était égale à la ligne modèle de gauche.

Les résultats sont édifiants.

La plupart des sujets naïfs répondent correctement sans influence extérieure, mais qu’ils se conforment sur 33% dès que 5 personnes soutiennent à l’unanimité la mauvaises réponses.

Nombreux de nos comportements sont conditionnés, inconsciemment et instinctivement, par conformisme, sans même que nous nous en rendions compte. Les modes en atteste : fumer, acheter un SUV, manger du soja, utiliser une trottinette électrique etc.

La publicité surfe sur cette théorie du conformisme en utilisant constamment l’influence du groupe, pour pousser à la consommation car elle sait que lorsqu’un individu est incertain face à un choix, il a tendance à imiter celui de la majorité.

C’est pourquoi, même si le SUV sont estimés 20% plus polluant qu’une voiture classique et seraient la 2e source de croissance des gas à effet de serre dans le monde (selon l’agence internationale de l’énergie), on ne dénombre pas moins de :
1, 8 milliard d’euro de dépenses publicitaires consacrées à la promotion des SUV en moins d’un an
18 pages de journaux consacrées chaque jour à la publicité des SUV
3h50 de publicité pour les SUV à la télévision par jour

Résultats:
La part de marché des SUV a augmenté (39,2 % des immatriculations en 2020 contre 36,9 % en 2019). 4 voitures neuves sur 10 sont des SUV. Un véritable désastre écologique.

https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/essor-des-ventes-de-voitures-neuves-motorisations-alternatives-en-2020#:~:text=La%20part%20de%20march%C3%A9%20des,%2C7%20%25%20en%202019).

Du coup on est foutu ? Oui… parce qu’on a déjà tous plié face à la publicité et non… car on peut aussi conditionner des comportements plus vertueux par conformisme.

Manger bio :
Dans le monde, le marché des produits biologiques a quasiment quadruplé en 10 ans pour atteindre aujourd’hui les 100 milliards d’euros. On assiste à un véritable raz-de-marée : près de 9 Français sur 10 déclarent avoir consommé des produits biologiques. 73 % des Français consomment du bio depuis 5 ans, dont 17 % depuis un an. Les mentalités changent : les individus souhaitent consommer autrement, de manière plus éthique, responsable et durable.

Acheter une gourde pour ne plus acheter de bouteille en plastique :
En 2017, un Français consommait en moyenne 96 bouteilles plastiques par an, autant d’emballages à usage unique qui peuvent être évités grâce à l’utilisation d’une gourde.

https://www.zerowastefrance.org/wp-content/uploads/2018/08/201806_note-zwf-enjeux-et-actualite-autour-du-plastique.pdf

Le marché mondial des gourdes devrait croître de 3,9% par an entre 2018 et 2025. L’Asie-Pacifique représente le plus gros marché régional de gourdes avec 30% de part de marché. https://www.businesscoot.com/fr/etude/le-marche-des-gourdes-franceLe marché mondial de la gourde devrait peser 11 milliards de dollars en 2030 (source : étude Fact Market Research).
Il doit croître de 3,9% par an entre 2018 et 2025.

Bien sûr, d’autres facteurs viennent expliquer de tels changements de comportements : prise de conscience, offre existante, réglementation etc.

Faire confiance en la courbe du changement de paradigme